Le Maroc entend se positionner comme un acteur clé des chaînes mondiales de batteries et de véhicules électriques. Pour Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, le pays structure « une chaîne complète de fabrication de batteries, de l’extraction des ressources au module final ».

Dans un entretien accordé à Platts (S&P Global Energy), Mezzour a détaillé la stratégie marocaine : le royaume s’appuie sur ses ressources minières, sa compétitivité énergétique et son industrie automobile déjà affirmée pour offrir à l’Europe un partenaire fiable et proche. « Nous avons construit, depuis une quinzaine d’années, un écosystème complet destiné au marché européen, capable de répondre aux exigences de production, de qualité et d’exportation », explique-t-il.

Le ministre insiste sur la nécessité de l’électrification nationale. « Intégrer complètement la chaîne de valeur des batteries est vital : sans cela, le Maroc resterait dépendant d’importations pour un élément clé de son industrie automobile », souligne-t-il.

Ressources et compétitivité énergétique, des atouts stratégiques

Le phosphate, ressource nationale majeure, joue un rôle déterminant dans cette stratégie. Avec « la plus importante réserve mondiale » et l’essor de la technologie lithium-fer-phosphate, le Maroc figure parmi les rares pays capables d’assurer une continuité d’approvisionnement pour une industrie dont la demande va croître durablement.

À ces ressources s’ajoute une énergie compétitive, indispensable pour un secteur à forte consommation électrique. Le pays dispose également d’un savoir-faire industriel éprouvé, notamment dans la fabrication de matériaux complexes comme les engrais, les composants automobiles ou les moteurs d’avion.

Un déploiement industriel progressif mais ambitieux

Le calendrier de production est clair : les exportations de précurseurs ont commencé en janvier 2025, les premières cellules et modules sont attendues pour juin 2026, et les systèmes de gestion des batteries, électrolytes et séparateurs devraient être prêts début 2026, suivis des anodes au deuxième trimestre. Cette montée en puissance devrait permettre au Maroc de fournir entre 400 000 et 500 000 véhicules par an « avant la fin de 2026 », avec une chaîne opérationnelle complète.

Le ministre souligne également l’adaptation des infrastructures aux besoins industriels. La durée moyenne de réalisation des usines, estimée à dix-huit mois, offre le temps nécessaire pour ajuster le réseau électrique. Selon lui, « ne pas exploiter une électricité renouvelable moins chère que les hydrocarbures importés serait une erreur stratégique. Cette énergie doit servir à des industries d’avenir, parmi lesquelles celle des batteries occupe une place centrale ».

Ouverture aux investisseurs étrangers

Pour attirer les entreprises étrangères, le Maroc propose un accès direct aux ressources et des tarifs d’électricité renouvelable parmi les plus compétitifs de la région. Des soutiens logistiques et des co-investissements avec des partenaires locaux peuvent également sécuriser certains projets, renforçant ainsi l’attractivité du royaume pour le secteur des batteries et de la mobilité électrique.

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