Confronté à une sécheresse prolongée depuis plus de sept ans, le Maroc déploie une stratégie hydrique sans précédent pour faire face à l’un des épisodes les plus sévères de son histoire contemporaine. Devant la Chambre des représentants, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a présenté une feuille de route ambitieuse visant à assurer la sécurité hydrique du Royaume, dans un contexte de déficit structurel aggravé par le changement climatique.
Le taux de remplissage des barrages nationaux s’élève actuellement à 31,6 %, contre 29 % à la même période l’an dernier — un niveau jugé préoccupant malgré une légère amélioration.
« La priorité absolue du gouvernement est d’accélérer la réalisation des grandes infrastructures hydrauliques », a affirmé M. Baraka, précisant que 14 grands barrages et six barrages moyens sont en construction, tandis que deux nouveaux projets seront lancés prochainement. D’ici 2027, 155 petits barrages supplémentaires devraient être achevés afin de renforcer la résilience des territoires les plus vulnérables.
Parmi les chantiers phares figure le projet de transfert interbassin entre le Bouregreg et l’Oum Er-Rbia, dont le lancement est prévu pour décembre 2025. Ce dispositif permettra d’acheminer 800 millions de mètres cubes d’eau pour sécuriser l’approvisionnement de plusieurs provinces du centre, notamment El Jadida et Sidi Bennour.
Ce projet illustre la volonté du Maroc de corriger les déséquilibres hydriques régionaux en reliant les zones excédentaires à celles en déficit chronique. Il constitue une étape clé du Plan national de l’eau 2020–2050, qui ambitionne de garantir un accès équitable et durable aux ressources hydriques sur l’ensemble du territoire.
Le dessalement de l’eau de mer occupe une place centrale dans la stratégie nationale. La production d’eau dessalée, passée de 32 millions à 320 millions de mètres cubes en quelques années, devrait atteindre 520 millions de m³, puis 1,7 milliard de m³ à l’horizon 2030.
De nouvelles stations de dessalement sont en préparation dans les régions de l’Oriental, du Souss et de Guelmim. La station du Souss, d’une capacité de 350 millions de m³, fournira à la fois de l’eau potable et de l’eau d’irrigation, permettant de réduire la pression sur les ressources de surface.
Le ministre a également souligné l’importance des contrats d’aquifères signés pour encadrer l’exploitation des nappes souterraines dans des régions critiques telles que Saïss, Boudenib, Zagora et Berrechid. Ces contrats visent à instaurer une gouvernance participative et à freiner la surexploitation des eaux souterraines.


