Ciment, acier, phosphate : les piliers industriels du Maroc entament une transformation profonde pour réduire leurs émissions de carbone. Grâce à la combinaison d’énergies renouvelables, d’innovation technologique et de financement durable, la décarbonation devient un levier de compétitivité.
Dans les cimenteries de Bouskoura, les usines sidérurgiques de Jorf Lasfar ou les complexes phosphatiers de Safi, le virage vert est déjà amorcé. La décarbonation des industries lourdes, longtemps considérée comme un coût, s’impose aujourd’hui comme un impératif stratégique. Le Maroc, conscient de la pression exercée par les normes européennes et les attentes des marchés, accélère la transformation de ses filières les plus émettrices.
Le groupe OCP, premier exportateur mondial de phosphate, en est un symbole. Son plan « Zéro Carbone 2040 » vise à alimenter l’ensemble de ses opérations par de l’électricité renouvelable et à produire de l’ammoniac vert à grande échelle. Dans le ciment, LafargeHolcim Maroc et Ciments du Maroc investissent dans l’usage de combustibles alternatifs et de matériaux bas carbone. L’industrie sidérurgique explore, quant à elle, le recours à l’hydrogène pour remplacer le charbon dans les hauts fourneaux.
Cette mutation repose sur trois leviers : innovation technologique, accès au financement vert et réglementation. Le Maroc s’appuie sur la Banque africaine de développement, la BEI et les institutions nationales pour soutenir les entreprises dans leurs audits carbone et la modernisation de leurs équipements. Parallèlement, la mise en œuvre de la Taxonomie verte nationale offre un cadre clair pour orienter les flux financiers vers les projets durables.
La décarbonation devient ainsi un facteur de compétitivité internationale. À terme, elle permettra non seulement de préserver l’accès du Maroc au marché européen, mais aussi de valoriser ses exportations comme produits « propres », gage de différenciation sur le marché mondial.


