Près de quarante ans après l’adoption du Protocole de Montréal sur la protection de la couche d’ozone, des progrès notoires ont été réalisés, mais la mission de reconstituer ce bouclier de la planète semble loin d’être terminée.
Depuis la publication en 1985 dans la revue scientifique « Nature » de l’étude fondatrice qui a documenté des pertes massives d’ozone au printemps austral et conforté l’urgence d’une réponse multilatérale, la science a affiné ses diagnostics et ses instruments d’analyse.
Les multiples rapports qui en ont découlé sont formels : une guérison est tributaire d’un respect scrupuleux des engagements de réduction des substances appauvrissant la couche d’ozone, notamment les chlorofluorocarbures (CFC) et les hydrochlorofluorocarbures (HCFC), et d’un contrôle efficace des émissions résiduelles et des stocks de CO2.
Alors que le monde célèbre ce mardi la Journée internationale de la protection de la couche d’ozone sous le thème « De la science à l’action globale », il s’avère que des efforts collectifs accrus doivent encore être déployés dans la trajectoire engagée pour réparer cette plaie ouverte dans le ciel.
En effet, l’amincissement de la couche d’ozone entraîne des risques majeurs pour la planète et la santé humaine : elle laisse passer davantage de rayons ultraviolets (UV), augmentant les cas de cancer de la peau et de cataracte et affaiblissant le système immunitaire.
Elle menace aussi les écosystèmes marins, fragilise les cultures agricoles sensibles aux UV et aggrave le réchauffement climatique, accentuant ainsi les pressions déjà fortes sur les équilibres environnementaux et la sécurité alimentaire.
Certes, les évaluations conjointes du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) décrivent une reconstitution progressive de l’ozone stratosphérique, mais un retour aux niveaux d’avant 1980 n’est prévu qu’au milieu du siècle, à condition de maintenir l’élan observé jusqu’à présent.
Un relâchement dans la surveillance des substances appauvrissant la couche d’ozone (SACO) risque de prolonger la durée pendant laquelle la couche d’ozone reste vulnérable, voire annuler une grande partie des progrès réalisés dans ce sens.
Selon Brahim Abouelabbas, expert des questions environnementales, les derniers rapports onusiens font état d’une reconstitution graduelle de la voûte atmosphérique grâce aux efforts déployés dans le cadre de la coopération internationale et au respect des accords signés dans ce domaine.
Cependant, ce constat est à prendre avec précaution, prévient-il dans un entretien à la MAP, expliquant que les sources de pollution qui contribuent à l’appauvrissement de la couche d’ozone n’ont toujours pas été éliminées, y compris les combustibles fossiles utilisés dans les transports aérien, maritime ou routier.
Et d’ajouter que les pays industrialisés, qui contribuent largement aux émissions de particules nocives à l’atmosphère, n’ont pas encore pris des mesures efficaces pour réduire de manière significative leur empreinte sur l’atmosphère et assurer une transition vers des technologies respectueuses de l’environnement.
En revanche, M. Abouelabbas a souligné que les citoyens et la société civile ont un rôle crucial à jouer dans la préservation de la couche d’ozone, notamment en adoptant une consommation responsable, en soutenant les énergies propres et en limitant l’usage de produits nocifs à l’environnement.
Alors que la protection de la couche d’ozone demeure l’un des rares exemples où la coopération internationale a porté ses fruits, l’on peut espérer que le multilatéralisme instaure des politiques mondiales concrètes au service d’un ciel qui se répare et d’un climat que l’on s’emploie, résolument, à préserver.
MAP Ecology