À l’approche de l’entrée en vigueur du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) de l’Union européenne en 2026, le Maroc prépare sa propre taxe carbone afin d’anticiper l’impact de cette nouvelle réglementation sur ses filières stratégiques. L’objectif : protéger ses exportations tout en accélérant la transition vers une production plus sobre en carbone.
Selon un rapport de la Fondation RES4Africa, dévoilé le 3 septembre, le royaume ne serait exposé qu’à hauteur de 0,3 % de son PIB, grâce à un profil commercial diversifié et à des efforts précoces de décarbonation dans des secteurs clés comme les phosphates, le ciment, l’acier et l’aluminium.
Le CBAM, qui imposera un prix du carbone sur les importations de produits intensifs en émissions (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité, hydrogène), obligera les partenaires européens à revoir leur modèle productif. Pour y faire face, le Maroc prévoit d’instaurer une taxe carbone nationale dès janvier 2026, avec une montée en puissance progressive sur dix ans.
Le pays dispose de plusieurs atouts. Près de 35 % de son électricité provient déjà du solaire et de l’éolien, avec une cible de 52 % en 2030, selon l’IRENA. Le ciment marocain présente une intensité carbone inférieure à la moyenne européenne, ce qui pourrait devenir un avantage compétitif. L’OCP, de son côté, a annoncé un plan de 13 milliards de dollars pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2040.
Le Maroc peut aussi compter sur sa proximité avec l’Europe et ses interconnexions électriques. Relié au réseau européen via deux câbles sous-marins, il ambitionne de renforcer ses capacités d’échange avec l’Espagne, l’Italie, la Tunisie et la Grèce, pour atteindre près de 19 GW de capacités et réduire jusqu’à 24 millions de tonnes de CO₂ par an.
Côté industrie, le programme TATWIR – Croissance Verte, doté d’un milliard de dirhams, accompagne les PME dans l’adoption de procédés sobres en carbone via aides à l’innovation, incitations fiscales et participation au capital.
Enfin, le rapport insiste sur le rôle du Partenariat vert Maroc-UE, conclu en 2022, qui offre un cadre pour financer les projets renouvelables et aider les entreprises marocaines à s’adapter au CBAM.
Grâce à ces initiatives, le royaume espère transformer une contrainte réglementaire en levier de compétitivité et se positionner comme un acteur clé de la production bas-carbone dans l’espace euro-méditerranéen.
Avec Barlamane