Face à la raréfaction des ressources en eau douce et à l’aggravation des effets du changement climatique, le Maroc accélère sa stratégie de dessalement de l’eau de mer. Objectif affiché : multiplier par huit sa production d’ici 2040, pour passer de 277 millions à 2,3 milliards de mètres cubes par an. Un tournant structurant pour l’approvisionnement national, qui s’appuie sur une combinaison d’infrastructures ambitieuses et d’innovations technologiques.
C’est dans les provinces du Sud que le Royaume a d’abord déployé cette solution alternative, afin de pallier l’absence chronique de ressources conventionnelles. Aujourd’hui, la dynamique s’est étendue à l’ensemble du territoire. Le pays compte déjà 16 stations opérationnelles. Cinq autres sont en construction, et treize nouveaux projets sont en phase de programmation, selon les données fournies par Younes Laabdi, responsable à la Direction générale de l’hydraulique.
Le projet emblématique reste celui de Casablanca-Settat, appelé à devenir la plus grande station de dessalement d’Afrique. Sa mise en service devrait ajouter 300 millions de m³ à la capacité annuelle du pays, dont 250 millions seront consacrés à l’eau potable et 50 millions à l’irrigation. Lancé en juin 2024 en présence du prince héritier Moulay El Hassan, ce chantier illustre la priorité accordée à la sécurité hydrique nationale.
L’objectif est aussi économique et industriel. Le Maroc entend structurer un écosystème autour du dessalement, intégrant entreprises, expertises et technologies tout au long de la chaîne de valeur. Cette orientation favorisera l’émergence d’un tissu industriel local, tout en renforçant la coopération entre secteur public et privé, dans le cadre d’un modèle de gouvernance fondé sur les partenariats.
L’usage exclusif d’énergies renouvelables pour alimenter les futures stations – à l’image de celle de Dakhla, 100 % éolienne – marque une volonté claire de concilier réponse à l’urgence hydrique et transition écologique. Des études sont déjà achevées pour certains sites, comme Guelmim, Essaouira ou l’Oriental, tandis que d’autres sont encore à l’étude.
La montée en puissance est planifiée sur quinze ans. Dès 2027, le Maroc prévoit de franchir la barre du milliard de mètres cubes par an. Ce volume grimpera à 1,6 milliard en 2028, dépassera 1,7 milliard en 2030, pour culminer à 2,3 milliards en 2040. À travers ces chiffres, c’est toute une stratégie de long terme qui se dessine, plaçant le dessalement au cœur de la résilience hydrique du pays.
Avec Le360