Au Maroc, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ne se limite plus à un simple discours de façade. Elle s’impose désormais comme un impératif stratégique, poussé par les engagements du Royaume en matière de développement durable et les nouvelles exigences du commerce international.
Depuis le lancement, en 2021, de la Stratégie nationale de développement durable à l’horizon 2030, l’État multiplie les initiatives pour inciter les entreprises à intégrer les critères ESG (environnement, social et gouvernance) dans leur modèle d’affaires. Cette dynamique, portée par des réformes économiques et l’adhésion aux Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, impose une redéfinition du rôle de l’entreprise dans la société.
RSE, un passeport pour l’international
L’internationalisation des entreprises marocaines a transformé la RSE en un véritable critère de compétitivité. À l’heure où l’Europe durcit ses normes sociales et environnementales, la conformité aux standards internationaux – à l’image de la norme ISO 26000 – devient un sésame pour l’accès aux marchés. Plus question de considérer la RSE comme un outil de communication, il s’agit aujourd’hui d’un facteur de différenciation et de valorisation à part entière.
Cette exigence de conformité a un corollaire direct : les entreprises doivent intégrer les impacts sociaux et écologiques de leurs activités dans leur stratégie globale, ce qui contribue également à renforcer leur réputation. Le lien entre image de marque et engagement sociétal est désormais reconnu, tant par les partenaires que par les consommateurs.
Un écosystème en mouvement
Sur le terrain, plusieurs grandes entreprises marocaines donnent l’exemple. L’OCP, par exemple, s’illustre par ses investissements dans les énergies renouvelables et des projets à fort impact sociétal. D’autres initiatives comme le Pacte mondial des Nations Unies, qui regroupe plus de 120 entreprises marocaines, illustrent cette volonté d’alignement avec des principes universels en matière de droits humains, d’environnement et de lutte contre la corruption.
Le secteur agricole n’est pas en reste. Le Plan Maroc Vert a permis l’intégration progressive de pratiques durables et l’amélioration des conditions de vie dans les zones rurales, notamment via une meilleure insertion des petites exploitations dans la chaîne de valeur.
Les PME à la peine
Pour autant, la généralisation de la RSE reste un défi, notamment pour les petites et moyennes entreprises qui représentent l’essentiel du tissu économique national. Souvent freinées par un manque de moyens humains et financiers, elles peinent à formaliser leurs engagements. Des dispositifs comme la Charte RSE de la CGEM offrent des repères, mais ne suffisent pas à lever tous les obstacles. Des incitations fiscales, des programmes d’accompagnement ciblés et une montée en compétences sont nécessaires pour inclure pleinement les PME dans cette dynamique.
Vers une économie durable et inclusive
Le cadre réglementaire autour de la RSE se renforce également. La loi-cadre 99-12, qui fonde la Charte nationale de l’environnement et du développement durable, introduit une obligation de prise en compte des considérations écologiques dans l’activité économique. Des acteurs comme la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement jouent aussi un rôle clé dans la sensibilisation et la mobilisation des entreprises.
En somme, le Maroc semble amorcer une mutation profonde vers un modèle économique plus responsable. Mais pour réussir cette transition, il faudra conjuguer engagements publics et mobilisation du secteur privé, en plaçant les PME au cœur de l’écosystème. Car c’est bien dans l’alliance entre innovation, durabilité et inclusion que réside le véritable potentiel de la RSE au Maroc.
Avec ALM