La conférence climat de Belém s’est achevée sur un compromis qui laisse un goût d’inachevé. Réunis au Brésil, les près de 200 pays signataires de l’Accord de Paris ont validé un texte final qui ne comporte aucune mention claire d’une sortie des énergies fossiles, malgré les appels appuyés des Européens et de plusieurs États alliés.
Le document entériné samedi, après une dernière nuit de pourparlers, salue la coopération internationale autour du climat et rappelle le consensus de la COP28, mais se limite à encourager une progression « volontaire » de l’action climatique, sans réitérer explicitement la promesse de tourner la page du pétrole, du gaz et du charbon. Une formulation bien éloignée des ambitions défendues par plus de 80 pays qui espéraient voir figurer une trajectoire de réduction des combustibles fossiles.
Si cette absence de signal politique fort déçoit les partisans d’une accélération, le texte satisfait néanmoins un certain nombre de demandes des pays en développement. Il prévoit notamment de tripler les financements dédiés à l’adaptation d’ici 2035, par rapport à l’objectif actuel de 40 milliards de dollars par an. Pour de nombreux États vulnérables, cette avancée représente un élément essentiel pour faire face à la montée des risques climatiques, qu’ils jugent prioritaire par rapport au débat sur les fossiles.
La position européenne, isolée en fin de négociations, a finalement convergé vers l’adoption du compromis. Lors d’une réunion de coordination, plusieurs responsables ont admis qu’un refus du texte risquait de provoquer un échec retentissant pour l’hôte brésilien, sans garantie d’obtenir mieux. La ministre française Monique Barbut a d’ailleurs souligné que l’Europe ne souhaitait pas apparaître comme réticente à soutenir financièrement les pays les plus fragiles.
Dans un contexte géopolitique tendu, marqué par des positions divergentes entre pays producteurs d’hydrocarbures et pays fortement dépendants des financements, la présidence brésilienne a privilégié un accord minimaliste. La proposition d’établir une feuille de route sur la sortie progressive des énergies fossiles, un temps évoquée, n’a finalement pas été retenue, en dépit du soutien public exprimé par le président Lula.
Certains gouvernements, à l’image de la Chine, se sont félicités d’un « succès dans une situation difficile ». D’autres observateurs, comme l’analyste Li Shuo, y voient au contraire un signe de ralentissement de l’ambition climatique internationale, renforcé par une volonté politique moins affirmée qu’auparavant.
La conférence introduit par ailleurs un nouveau volet sur les échanges commerciaux liés au climat, avec l’ouverture d’un « dialogue » dédié — une première dans le processus multilatéral. Une avancée particulièrement suivie par la Chine, qui contestait les mécanismes de taxation carbone aux frontières.
Pour les Européens, l’enjeu était d’éviter une rupture diplomatique dans une COP symboliquement organisée en Amazonie, l’une des régions les plus exposées aux dérèglements climatiques. « Ceux qui doutent de l’efficacité de la coopération seraient heureux de nous voir échouer », avait averti le président de la conférence, André Corrêa do Lago, avant l’adoption du texte. Finalement, un compromis a été trouvé, mais largement en deçà des attentes de ceux qui espéraient un message clair sur l’avenir des énergies fossiles.
Avec AFP


