Le Maroc franchit une nouvelle étape dans l’organisation de son secteur aquacole. Un décret publié récemment (n° 2.23.1032), signé par le chef du gouvernement le 14 mars dernier et paru au Bulletin officiel n° 7392, jette les bases d’un dispositif régional de gestion de l’aquaculture en mer, secteur émergent que les autorités entendent encadrer de façon structurée et durable.
Des plans régionaux guidés par la science et la concertation
La mise en œuvre de ce cadre repose sur l’élaboration de « plans aquacoles régionaux », pilotés par l’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA), en collaboration avec l’Institut national de recherche halieutique (INRH) et divers partenaires institutionnels. Ces documents, véritables feuilles de route territorialisées, devront intégrer des données scientifiques, juridiques, environnementales et socio-économiques sur les zones maritimes ciblées.
Cartographies détaillées, analyses de faisabilité, comptes rendus de concertations locales : tout devra être compilé afin d’alimenter une vision cohérente du développement de l’aquaculture à l’échelle régionale. Les projets seront ensuite soumis à l’avis du Conseil national de l’aquaculture, instance consultative créée pour accompagner ce processus.
Préserver les équilibres tout en valorisant les espaces maritimes
Ce nouveau cadre vise à optimiser l’occupation des zones littorales par les fermes aquacoles, sans compromettre la préservation des écosystèmes marins ni les activités traditionnelles déjà en place. Il s’agit de planifier avec précision les implantations piscicoles tout en garantissant une cohabitation harmonieuse des usages et une gestion durable des ressources.
Le décret prévoit également une procédure spécifique pour la révision des plans, ainsi que pour l’intégration éventuelle de projets situés en dehors des zones initialement identifiées. Toute dérogation devra néanmoins obtenir l’accord préalable du ministère de la Défense nationale, acteur clé dans la régulation des activités maritimes sensibles.
Vers une économie bleue mieux encadrée
En dotant le secteur aquacole d’un référentiel normatif à l’échelle régionale, le Maroc confirme sa volonté de structurer une filière à fort potentiel. L’objectif est double : contribuer à la sécurité alimentaire du pays et renforcer la valorisation économique du littoral, dans une logique d’économie bleue.
Ce dispositif constitue un pas important vers une professionnalisation du secteur, offrant à la fois de la visibilité aux investisseurs et des garanties environnementales aux populations côtières.